La société civile : une agonie pour la démocratie nationale

La nation au défi de la fédération des intérêts concurrents

La dénonciation de l’individualisme contemporain revient dans le débat public par de réguliers à coups le passant au rang de lieu commun. Dans cette triviale poursuite vengeresse de l’individualisme, on se plaît à en dénoncer les méfaits, à lui jeter l’opprobre, à l’indexer comme responsable des maux de la citoyenneté, à le rejeter comme causatif de la dégradation des liens politiques.

C’est oublier que l’individu envisagé comme monade autonome, dégagé de la pression -autant que faire se peut- de ses cadres de socialisation fut la matrice de la libre-pensée face au « carcan » de l’intercession ecclésiastique, aristocratique, familiale, professionnelle, sous réserve de nuances, le modèle n’épousant jamais le monde sensible dans ses interstices les plus profonds et les plus durables. Il fut aussi le moteur de la raison personnelle triomphante comme axiome du paradigme de la souveraineté nationale et populaire -nous reviendrons sur cette distinction-, une brique élémentaire de construction de la notion moderne de la démocratie libérale.

L’individu était autonome mais non pas indépendant, libre mais non pas souverain, car dans les rapports de souveraineté, c’est l’égalité qui règne, celle qui unie des Hommes considérés comme de même grandeur devant l’intérêt général, devant la collectivité, devant le corps politique. Liberté d’opinion, de penser et d’expression d’un côté, égalité des suffrages et des candidatures pour les magistratures de l’autre, sculptent l’assise de marbre de la dyade fondatrice de notre société moderne et contemporaine, celle d’une démocratie cimentée dans la nation, qui en détermine les limites et les aspirations.

 

Démonomanie de l’individualisme

La solitude impolitique

L’Homme avait deux facettes, celle du producteur -au sens large- et celle du décideur, ou en tout cas, une partie de décideur. Ce qui fait le citoyen, c’est la miction permanente de l’Homme comme gestionnaire de ses affaires privées et de l’Homme comme acteur des affaires publiques.

Que ceci soit envisagé largement, sans réduction au militantisme actif, sans réduction à l’occupation de fonctions publiques, d’une magistrature élective. Dans le corps politique national, c’est à dire dans ce type de corps politique qu’est la nation, l’individu et le citoyen se confondent dès lors que l’individu est membre de cette nation selon les règles qui en fixent l’accès. Particulièrement en France, le citoyen est seul dépositaire des droits et obligations politiques, il en a le monopole. Aucune autre entité, juridiquement personnifiée au non, ne peut en réclamer le bénéfice. Plus encore, dans les rapports que le citoyen entretient avec sa collectivité, il ne souffre d’aucune médiation, de nul groupe qui exercerait en son lieu, à sa place, à son endroit, des droits, qui se prévale de libertés particulières extérieures à l’individu ou acquises par son truchement.

Il faudrait distinguer le politique, envisagé comme « la signification d’une volonté collective de persévérer dans son être » de la politique, qui serait « l’us volontaire d’une signification particulière du politique, comme mise en œuvre institutionnelle du politique »[1].

Le politique, la politisation de l’individu, qui en fait un citoyen, ne s’épuise pas dans l’engagement militant. Plus encore, elle ne s’y résume pas. Exiger de tous les citoyens un engagement de tout instant équivaut à un monachisme civique qui ne dit pas son nom, demande de repousser une sphère privée suffisamment pour se faire, une sphère privée qui déjà, envahit largement les écheveaux temporels quotidiens de l’individu. Or, le citoyen se repose sur la solidarité et la fraternité qui l’unissent à ses concitoyens, soulage sa propre conscience politique parce que le poids du devenir commun du corps politique, frayeur à ne plus trouver le repos, se réparti à travers les individus. Si la politique est noble cause, si elle doit garder ses parures, son attirail convoité -la souveraineté nationale ou populaire- elle ne peut se permettre de se montrer par trop exigeante, ce qui ne ferait que dégoûter du politique. Si le politique est omniprésent, pour beaucoup, il se mute en met de fin gourmet, en gastronomie des grands jours, particulièrement le jour du vote, qui pour une élection, qui pour une décision (comme le référendum). Le pragmatisme de la raison doit primer. Accepter l’idée que l’engagement militant ne concerne qu’une minorité de citoyens. Que beaucoup tiennent à la représentation pour cette raison, une représentation sur laquelle ils se déchargent de l’exécution de la souveraineté, charge exigeante.

Dénoncé, l’individualisme l’est non pas pour ce qu’il est, non pas pour ce qu’il fut, mais pour ce qu’il  devient. Règle générale, presque anacyclique, que toute idée, tout concept, tout us présenterait le risque de développer des tares, des formes extrêmes ou dégradées de lui même. Des formes qui peuvent aller jusqu’à sortir l’idée, l’us, de sa fonction, au point de s’en extraire méconnaissable, à telle enseigne qu’il indique presque exactement le contraire de son signifié originel. La dérive de l’individualisme l’a poussé à se désintéresser totalement de la chose publique, sauf dans ce qu’elle a de bénéfique pour l’individu, de se dégager de son rôle de citoyen. Cette dérive combinée à la professionnalisation partisane du militantisme, a conduit à isoler le politique comme une sphère détachée de la citoyenneté, là où toutes deux -politique et citoyenneté- vivaient en symbiose au sein de la notion de civisme.

Ce détachement, bien que déplorable en lui même, ne constitue pas à lui seul une sortie du politique de sa fonction. On ne peut nier que l’autonomie du politique présente le risque d’une élévation d’une part de la population au rang de quasi-aristocratie -littéralement « le gouvernement des meilleurs » ou considérés comme tels. Toutefois, une sphère spécifiquement dédiée au politique, bien que contradictoire dans une certaine mesure -la nuance est importante- avec la nature démocratique d’une régime, ne fait pas sortir la politique du politique, en un sens, peut même assurer la consolidation d’une identité des deux notions qui en démocratie ne devrait s’éteindre. L’isolement facilite en revanche le désintérêt, voire le dédain, pour la politique, tasse le fertile terreau sur lequel viendront se planter les bulbes de l’expertitocratie. Forme particulière d’aristocratie, elle s’embaume dans la technique gestionnaire si prompte à apparaître lors des renoncements à la souveraineté comme le nôtre. Les sources fécondes du politique se tarissent, le lit de son fleuve s’assèche, ne reste plus que l’os politicien à nu, la politique sépulcrale, un amoncellement d’ossements à ronger laissés à une technique malavisée, débarrassée du pouls d’une société rêvant au zéro absolu, souhaitant la stase par la sortie de l’histoire. Sur ce corps politique en voie d’a-politisation, règne un couple princier formé du bras de glace procédural et du stimulus électrique statisticien. Un monde étranger à toute projection, où le futur effraye et le passé dégoûte, un monde chevauchant le hiatus de ses propres contradictions, puisque l’on y affirme avec force la maîtrise des variables d’un univers que l’on désire ardemment quitter. Il s’agit de ces sociétés où les braises du désir couvent sous une cendre congelée, celle de l’impuissance consentie.

Alors, on patauge dans ces termes, ceux d’une sphère politique sortie d’un monde qu’elle prétend maîtriser. Une sphère en peau de chagrin, étendue malignement sur un étendard, sur un drapeau bien trop vaste pour elle, ne reste plus aux citoyens dans un égarement manifeste, qu’à se satisfaire dans un monde matériel vidé de sa harangue politique.

Abandonné par sa cause, l’individualisme dégénère est une autosatisfaction, une quête dopaminergique de tous les instants. Cet hyper-individualisme, encore qu’il faudrait l’appeler autrement, l’égotisme obsessionnel si on lui donne une coloration psychologique, le narcissisme convoîteur si l’on veut lui donner une connotation morale. Mais oublions ces qualificatif menant au jugement interpersonnel, qualifions le politiquement, ici comme conséquence sur le politique de ce dérivatif pathologique de l’individualisme : la solitude impolitique.

Seulement la solitude impolitique, le délitement des rapports collectifs ne rime pas avec ignorance anonymisée d’autrui. Ce que l’individualisme fondateur avait chassé, ou plutôt, ce qu’il avait neutralisé, dépolitisé, les corps intermédiaires, repassent d’instruments de socialisation à instruments politiques : la famille, l’association, le syndicat, plus encore, des communautés d’intérêt, ou, pour celles qui font florès, les communautés identitaires[2].

 

Déchirements communautaires

La fédération des contraires

Plus la nation s’évanouit plus les corps intermédiaires se renforcent, plus l’éclatement pluri-communautaire s’enracine. A mesure de son effacement, la nation se confond avec l’Etat, qui n’est en principe que le vecteur de l’imperium du corps politique, c’est à dire le biais d’exécution de sa puissance et donc de la sauvegarde de la souveraineté de la nation (pour ce qui nous concerne). Ce processus exsanguine l’Etat qui ne vit que pour incarner le corps politique dont il est issu. Que le second disparaisse et le premier se perd. L’Etat se retrouve à jouer le fameux rôle de régulation, là encore, réduit à la structure procédurale, le grand horloger des rouages de la technicité. Il permet de faire, ne fait plus. Il construit la croissance des sphères privées combinées, accepte le retrait de la sphère publique, non pas limitée à ses seuls services ou à son domaine d’action, mais au delà,retire le domaine de l’intérêt général, d’ailleurs considéré de plus en plus comme une chimère.

La reculade fait place nette pour l’interaction généralisée des intérêts privés. Il n’y a plus d’intérêt général, il y a une série d’intérêts privés communs. Au premier rang desquels, la cohabitation, la coexistence, on dira le « vivre ensemble », proposition que l’on ne termine jamais, il faudrait parler de « vivre ensemble des communautés ». La cité est morte, vive la tribu !

Privatisation de l’espace public, au sens où la sphère de l’intérêt général recule de facto devant celle des intérêts privés, des intérêts d’un groupe circonscrit. L’espace public vit de plus en plus sous un régime d’occupation.

Le rythme effréné des oppositions de cette société civile, en fait des duels de chapelles, témoigne d’une unanimité nationale se brisant à mesure que sa surface de verre éclate sous les coups des oppositions égoïstes.

L’hyper-individualisme, la solitude impolitique, cache un tribalisme croissant, car derrière le petit narcisse de chacun, se dissimule un conformisme réducteur qui réduit les individus à des membres d’une catégorie précise, des cases délimitées par des arguties à la précision chirurgicale tendant, à mesure de leur obscurcissement -car on ne les comprend plus guère sauf à être membre du groupe considéré- à devenir incompréhensibles, et donc, inaudibles. Cruelle destin que celui d’une collectivité nationale condamnée à disparaître sous les coups redoublés de régiments d’aveugles et de sourds.

Cet hyper-individualisme n’en est un que de façade. L’individualisme de la Révolution, celui du XIXe siècle, refusait tout corps intermédiaire entre la nation et l’Homme, aucun filtre entre la république -entendu comme régime et comme « chose-publique », entre la démocratie et l’individu, qui prenait seul ses décisions, qui formulait ses choix de manière autonome. Si cette considération reste avant tout une vision utopique des Hommes, qui ne peuvent être détachés de représentations collectives y compris au niveau sub-national, elle était affirmée avec force comme vecteur d’émancipation de cadres préexistants, notamment de la famille et de la classe-sociale.

Jürgen Habermas – Allemand, ce qui n’a rien d’étonnant- en est le premier représentant. Son éthique de la discussion et son patriotisme constitutionnel, totalement encastrés dans une histoire allemande qui veut se dégager de la culpabilité du nazisme, confine à une recomposition du corps social par un refus d’une morale collective véritable, mais surtout en renonçant à un attachement à la nation, pourtant matrice de la démocratie, au profit d’un attachement unidirectionnel envers un ordre juridique qui fait la part belle aux divisions intra-nationales, un catalogue de droits et d’aspirations, qui concatène les luttes entre les groupes sociaux pour constituer un ensemble de droits rattachés à des spécificités minoritaires. L’ordre politique ne repose alors que sur de brèves trèves dans les luttes pour des droits supplémentaires, catégoriels, où l’intérêt général n’existe plus au delà du seul maintient intéressé de cette architecture juridique qui garantie aux groupes des droits spéciaux. Apparaît ainsi, dans cette soupe des intérêts contraires, un compromis fragile, une constitution réticulaire. Au total, dans une insolente précarité, la démocratie ne vise plus à réaliser le consensus autour d’une majorité, mais à établir un régime de privilèges fédérés -car privilège signifie la loi privée et non nécessairement un avantage indu- qui ne se tolèrent que parce que, dans leur côtoiement, ils se satisfont de leurs gains et qu’un domaine leur est réservé. Domaine qui suscite toujours  l’espoir de son extension, même si cela s’opère au détriment d’autrui. L’indifférence dans le mépris, voilà ce qui caractérise ces fédérations de privilèges que tendent à devenir les pays occidentaux.

Régénérescence morbide

La société servile

L’erreur consiste justement à voir dans ces groupes isolés oscillant entre confrontation et coopération une régénérescence de la démocratie sous le nom de « société civile ». Là où se trouvait l’individu siège maintenant la communauté, là où était l’intérêt général trône maintenant la fédération des privilèges. On ne peut substituer le fragmenté à l’entier. Au mieux, si les groupes organisés ont le moindre rôle, il réside dans leur concours à l’intérêt général de la nation et non en occupant sa place. La société civile n’est ni la nation ni le peuple, son surinvestissement devient la marque de son échec.

Car cette société civile est plurielle, n’a rien d’unie. Quittes à faire usage de l’expression, autant l’exprimer au pluriel. Derrière sont concernés des chapelets d’associations, de groupes plus ou moins formalisés, qui ne sont pas illégitimes par eux même, mais qui sont érigés en modèle devant le faillite de nos institutions de prises de décisions collectives. De même que consulter indépendamment chaque groupe à l’Assemblée Nationale ne fait pas de cette consultation une loi ordinaire, recueillir les opinions des individus organisés en groupes d’intérêts ne fait pas de cette collecte une loi référendaire.

Cette société civile naît de notre faillite collective, sa sollicitation excessive accroît les dysfonctionnements qui ont présidé à sa monté en puissance. Ce qui l’appelle d’autant plus à la barre.

D’un côté, la société civile vient en soutien d’un épuisement du mandat représentatif, dont le point d’orgue repose justement dans l’indépendance du représentant. Si son droit de siéger ne peut être remis en question, si le droit le couvre toujours de son bouclier, où se trouve son indépendance lorsqu’il subit milles et unes pressions des intermédiaires de la démocratie ? Le représentant ne peut agir convenablement, ne représente guère lorsque son indépendance d’esprit est mise à l’encan, jetée contre le roc de l’influence par les flux et reflux des sollicitations intéressées des communautés.

De l’autre, on prend pour démocratique la consultation molle, le Livre d’Or du musée de la cité, le débat sans suite, on prend pour référendaire ce qui se trouve être sondage d’opinion à grand échantillon. Le « grand débat » qui suivit le mouvement des Gilets Jaunes en fut symptomatique, de même que la « commission citoyenne » tirée au sort pour les questions environnementales. Le prélèvement d’une part, jugée représentative -ce qui se résume à « ceux qui ont fait le déplacement »- du peuple ne fait pas de ses paroles celle du peuple, ne constitue en rien une expression de la volonté souveraine. Cette sondagocratie intempestive vient parsemer les législatures de faux-semblants d’approbation populaire, censés légitimer l’action publique sans toutefois emporter la conviction.

Assimiler la société civile à la nation revient à subir un complexe élitaire qui cherche dans l’approbation du petit nombre organisé une légitimité populaire que les gouvernants échouent à obtenir par les urnes. Elitaire en effet, car les individus organisés au sein de communautés d’intérêts poursuivent une démarche active d’engagement, de regroupement, d’organisation à laquelle une majeure partie de la population échappe. Ne reste plus pour elle qu’à sombrer dans le sentiment d’abandon et de dépossession de soit, là où la nation est remplacée par la cordée des groupes consultés. A trop vouloir écouter les banshies de l’engagement militant, on finit par ne plus entendre les invisibles. La démocratie offre l’égalité de tous les citoyens sans médiation, même les plus discrets et les moins diserts. Les citoyens d’une nation communient ensemble dans l’isonomie- égalité des droits- et l’iségorie -égalité de parole[3]. Sitôt que l’agonie de la nation débute, commence le brouhaha des demandes de particularismes, le marché aux droits spéciaux. La communautarisation du débat public conduit à la tribalisation des rapports politiques. Le conformisme communautaire abat la liberté, la personnalité des lois abat l’égalité et la fédération des contraires abat la fraternité.

« Plus d’individus, plus de peuples, mais des foules solitaires », dira un Leo Strauss en parlant de l’Occident post-moderne dans La philosophie politique et l’histoire.

L’apathie et le sourd mécontentement de la minorité croissent et embellissent dans le vacarme revendicateur des minorités intransigeantes.

Il ne faut alors guère se plaindre de la dé-politisation d’une part croissante de la société. A mesure que se radicalisent les positions de quelques-uns, l’espoir d’un compromis avec tous les autres s’éloigne. L’unanimité se brise lorsque, au loin, les représentation dominantes prennent le repos du silence majoritaire, que sur la voûte nuageuse du corps politique se fixent des représentations antagonistes impropres à poursuivre l’imperceptible consolidation d’une appartenance allant de soit.

Attendre d’une population une implication directe dans l’espace politique autorisé-par les conventions de la société- est en fait proche de la souveraineté nationale telle que définie par Siéyès. En tant que tel, l’engagement politique serait une fonction à servir au nom et pour le compte de la nation.

La souveraineté populaire porte plus loin le concept national en transférant la titulature de la souveraineté au peuple comme entité distincte. Dans ce cadre, la politisation naît de la conscience d’appartenance, l’appartenance à un corps populaire, donc du sentiment d’être lié par l’affect au groupe politique, au groupe civique. C’est à dire de voir tout ce qui concerne le politique comme touchant sa personne, et non l’inverse. Or, les débats dits de société, avec cette horrible expression de «société civile », et cette chose qu’on appelle le «sociétal » ( le mot lui même est sans élégance aucune) surgissent d’un corps éclaté et non d’une repolitisation. Ces discussions n’apparaissent que dans le narcisse du quotidien, dans le soucis égotique de la passion personnelle. C’est pourquoi d’ailleurs, tout apparaît moral- la morale se résume au choc- et que l’on répand ce cloporte colporteur de « chacun sa morale ».

La société civile se fait proskynèse de la disputatio devant le combat de chapons, la lutte fragmentaire et amalgamée des intérêts catégoriels. C’est finalement, comme a pu en discourir Benjamin Constant à l’Athénée Royale en 1819, la victoire de la « liberté des modernes » sur celle des « anciens ». La société civile est une société servile car elle ne fait pas peuple. Les réseaux sociaux résonnent comme des visions en miroir , déformée et révélatrice du visage de Gorgone de l’état des corps politiques occidentaux. Réplique virtuelle et désinhibée du réel, car ils protègent de la vue d’autrui ( le sens dominant de notre société bruyante, camouflée et polluée). Formidable matrice de conjonction collective, ils deviennent ce que nous en faisons : un infini supermarché de revendications, où la bande passante est un chariot.

 

Killian Schwab


[1] Où l’on remercie la langue française de ne pas exprimer l’inanimé et le conceptuel par un genre neutre !

[2] Toutefois le mot doit être entendu largement, comme tout groupe d’intérêts constitué

[3] Qui relève pour partie de l’idéal cependant, comme le relève justement la critique marxiste des « droits formels »

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