Bertrand du Guesclin : Un modèle de loyauté – 2/2
Après avoir exposé brièvement dans une première partie le fonctionnement des relations de pouvoir au sein de l’aristocratie médiévale, à savoir le lien vassalique, nous nous intéresserons ici à l’attitude de Bertrand du Guesclin au regard de ces règles éthiques et juridiques, afin de trancher, au regard de l’histoire, la fatidique question de sa prétendue félonie.
Seconde Partie :
L’attitude de Bertrand du Guesclin au regard de l’éthique chevaleresque et du droit féodal : Une loyauté à toute épreuve
Bertrand du Guesclin naquit en 1320, soit au début du XIVe siècle. Cette période constitua un tournant dans la société féodale. En effet, les évolutions techniques, mais aussi tactiques feront considérablement évoluer l’art de la guerre et changeront en profondeur la société. La guerre sortait alors du simple cadre de la chevalerie. Désormais, les villes, par leurs fortifications, devenaient des acteurs de la guerre, des places à prendre. Or lors de l’assaut d’un château, la chevalerie, dont l’utilité majeure sur un champ de bataille était sa charge de cavalerie lourde, n’avait plus d’utilité opérationnelle. L’entrée de la roture dans les armées, non soumis au code chevaleresque, changea également les mentalités. Alors que traditionnellement, un chevalier ne devait pas tuer l’un de ses pairs mais le prendre pour en exiger rançon – ce qui rendait, contrairement à l’idée reçue, les batailles médiévales peu mortelles pour les chevaliers jusqu’au XIVe siècle – les bourgeois et autres roturiers ne partageaient absolument pas les mêmes scrupules. L’illustration la plus parlante fut la bataille de Courtrai en 1302, au cours de laquelle les coutiliers flamands achevèrent au corps à corps à coup de miséricorde les chevaliers qui ne s’empalèrent pas sur leurs piques. Alors qu’elle était la reine des batailles depuis la victoire de Poitiers en 732, la cavalerie lourde devenait un corps d’armée parmi d’autres, qu’il fallait utiliser avec intelligence. Les contraintes de l’ost médiéval, qui limitait en nombre de jours la disponibilité des troupes du vassal, poussèrent également les belligérants à engager des troupes de mercenaires. Du vassal convoqué lors de la levée de ban, on était passé au soldat, qui recevait une solde, militaire de métier.
La demande en hommes était telle que se constituèrent de véritables armées professionnelles, les « Grandes compagnies », composées pour la plupart de brigands, appelés routiers. Elles comptaient dans leurs rangs à la fois des bandits mais aussi des petits nobles, qui en étaient en général les capitaines. Bertrand du Guesclin fut l’un des leurs, et certainement l’un des plus illustres.
Dans le code des routiers, contrairement au code chevaleresque, le lien vassalique est substitué par le lien de la bourse. Alors que les grands seigneurs se devaient de tenir leur rang, les cadets de familles et les hobereaux pouvaient quant à eux se vendre au plus offrant. La chose était banale. On servait celui qui payait, en or ou en terres. Lorsque la paye n’arrivait pas, on se servait sur le pays dans lequel on se trouvait, par des pillages d’une extrême violence. Les exemples de routiers qui se retournèrent et changèrent de maîtres sont légions. On peut citer à ce titre Jonh Hawkwood (1323-1394), qui combattit d’abord pour le Roi d’Angleterre, puis pour le compte de la ville de Pise dans sa guerre contre Florence, puis au service des Visconti contre le Pape, et enfin au service du Pape contre les Visconti. On peut citer Hugues de Calveley, qui combattit pour le Roi d’Angleterre durant la Guerre de Cent Ans, puis qui se battit au côté d’Henri de Trastamare, allié des Français, et participa à son accession au trône de Castille, avant de se battre du côté de son ennemi, Pierre le Cruel, qu’il remit également sur le trône. Certains grands seigneurs – la chose est plus rare et nous renvoyons pour cela à la première partie de notre article – ne sont pas en reste, on peut penser à cet égard à Olivier de Clisson, qui fut d’abord l’allié des Anglais et de Jean de Montfort, avant de devenir leur ennemi juré (son surnom de « boucher des anglais » n’étant pas volé) et de servir jusqu’à sa mort le Roi de France, devenant d’ailleurs connétable à la suite de Bertrand du Guesclin.
Du Guesclin, lui, bien que de petite naissance et de peu de biens, n’eut que deux maîtres : Charles de Blois, prétendant au Duché de Bretagne, qu’il servit jusqu’à la mort de celui-ci à la bataille d’Auray (1364), et le Roi de France Charles V. Charles de Blois étant lui-même un loyal vassal de Charles V, notre chevalier breton n’eut pas de cas de conscience dans son service vassalique. Du Guesclin fut pourtant courtisé de nombreuses fois, la première étant au siège de Rennes, où le Duc de Lancastre, l’un des plus grands capitaines de son temps, immensément riche, lui proposa de le rejoindre et de renoncer à son serment en faveur Charles de Blois Du Guesclin refusa fermement. Il fut également courtisé par Pierre le Cruel, lors du siège de Montiel (1369), mais, venu en Castille sur ordre du Roi de France pour y placer sur le trône Henri de Trastamare, du Guesclin ne céda pas.
Cette fidélité est réellement étonnante pour un homme de la condition de Bertrand du Guesclin, à savoir un petit noble chef de compagnie, et révèle une part de la personnalité du seigneur breton[1]. Il était d’abord totalement désintéressé par les questions d’argent, en atteste la gestion calamiteuse de ses biens et de son patrimoine. Bien que grand guerrier et homme de confiance du puissant Roi de France, il mourut presque endetté[2]. Il était ensuite d’une simplicité rustre mais sincère : le parti qu’il prit au départ il le suivit jusqu’au bout, quoi qu’il en coûte. Une loyauté têtue donc, trait de caractère que l’on prête souvent aux Bretons. Ce trait de caractère sera pour beaucoup dans la renommée du Connétable, qui, de son vivant, fut déjà érigé en modèle de chevalerie. Cette loyauté fut également assez largement récupérée par les chroniqueurs royaux, du Guesclin étant le premier modèle de serviteur du Roi.
La situation du Duché de Bretagne au XIVe siècle
A l’issue de la Guerre de succession de Bretagne (1341-1365), le Duché revint à Jean de Montfort fils, celui-ci devenu Jean IV de Bretagne. Pour rappel, le conflit prit sa source dans le conflit de la succession de Jean III de Bretagne, mort sans enfant. Deux prétendants au trône se présentèrent alors : la bretonne Jeanne de Penthièvre, nièce de Jean III, et le Comte Jean de Montfort L’Amaury, demi-frère de Jean III issu du remariage de leur père Arthur II avec Yolande de Dreux.
Depuis l’accession d’Henri Plantagenêt au trône d’Angleterre (sous le nom d’Henri II), le Duché de Bretagne était l’objet d’une lutte entre la maison de France et celle d’Angleterre. Alors que sous Henri II, les Plantagenêts ont l’ascendant, il n’en était plus de même depuis le règne de Philippe Auguste, qui plaça un Capétien (arrière-petit-fils de Louis VI Le Gros), Pierre Mauclerc, sur le trône ducal. L’intensité des relations entre la maison de France et la maison de Bretagne ne fit que croitre, avec le passage du Duché en Duché pairie[3] en 1297.
La Guerre de succession de Bretagne fut en définitive une résurgence de la lutte entre le Roi de France et le Roi d’Angleterre pour la domination du Duché. Elle ne représente qu’un théâtre local de l’affrontement plus vaste que l’on appellera plus tard la Guerre de Cent Ans. En effet, chacune des maisons belligérantes aura son champion dans ce conflit successoral. Le Plantagenêt prit fait et cause pour le Montfort, tandis que le Valois soutint la maison de Penthièvre[4].
La guerre fut remportée par le parti anglais à la bataille d’Auray en 1364, dans laquelle Charles de Blois trouva la mort. Bien qu’allié des Anglais, Jean de Montfort, une fois devenu Jean IV de Bretagne, prêta hommage au Roi de France, son suzerain direct. Si l’hommage fut lige ou simple, nul ne peut le savoir tant la cérémonie fut ambigüe[5]. En tous les cas, le Duché demeurait bel et bien un fief vassal du Roi de France.
La popularité du Duc finit assez rapidement par s’étioler. D’abord, les plaies d’une guerre de succession, qui dura tout de même plus de vingt ans, mirent du temps à cicatriser. Il était aussi reproché au Duc ses liens avec les Anglais, qui avaient fait des ravages en Bretagne. Malgré la détestation qu’ils suscitaient chez les sujets du Duché, ils étaient pour beaucoup récompensés de leur participation intense à l’accession au trône du parti de Montfort, recevant des terres et des honneurs. Le Duc alla même jusqu’à prononcer l’amnistie de leurs crimes. Il faut ajouter à cela le double jeu de Jean IV avec le Roi d’Angleterre, et donc en violation du lien vassalique l’unissant à son suzerain de France. A la décharge du jeune seigneur, il convient de relever qu’il avait passé toute son enfance à la Cour d’Angleterre, qu’il avait été élevé avec les enfants d’Edouard III, et qu’à certains égards, ce dernier le considérait comme un parent proche. Il épousa d’ailleurs deux de ses filles. En somme, ce Duc était un Plantagenêt de cœur.
La commise du Duché de Bretagne par le Roi de France Charles V (1378-1379)
Charles V n’avait jamais vraiment digéré la défaite de son cousin Charles de Blois. Il n’attendait qu’une bonne occasion pour prendre le contrôle du Duché. On crut que cette occasion fut advenue en 1373. Alors que la reconquête du Royaume, menée d’une main de maître par le Connétable du Guesclin, battait son plein, les barons bretons vinrent trouver le Roi de France pour qu’il les débarrassât du Duc Jean IV. L’anglophobie générale[6], et la jalousie des nobles à l’égard de cette nouvelle noblesse concurrente poussaient les seigneurs bretons à réclamer eux-mêmes la commise du Duché. Charles le Sage se contenta de faire occuper la province en y nommant un lieutenant. Affolé, Jean IV quitta Rennes et partit pour l’Ouest de la péninsule, pensant y trouver refuge. De ville en ville, il ne rencontra que des portes closes. Jean IV prit alors piteusement la fuite vers l’Angleterre. Loin d’un phénomène marginal qui n’aurait concerné qu’une partie francophile de la noblesse, c’est la Bretagne entière qui vomit son seigneur. Alors qu’elle ne demandait qu’à être prise, le Sage se refusa à elle. Si l’on peut rendre hommage à Charles V pour son œuvre politique, l’un des plus grands rois de France s’il en fut, il faut toutefois reconnaître que son attentisme face à la situation de la Bretagne en 1373 fut une faute politique, un acte manqué…
Charles V attendit que son vassal prît les armes contre lui. Ce qui advint en 1374 avec la chevauchée du Duc de Lancastre[7], à laquelle Jean IV prit part. Pour pimenter un peu plus ses relations avec son suzerain, le Duc eut la bonne idée d’accompagner sa trahison d’une lettre de défi, dans laquelle il menaçait ouvertement le Roi de France. Après l’échec lamentable de cette chevauchée, Jean IV retenta sa chance devant Saint-Brieuc, qu’il ne put prendre, chassé par Olivier de Clisson. Si la commise du fief d’un vassal ne pouvait être prononcée en pareille situation, l’on peut se demander quand elle pourrait l’être. Charles V prit tout de même le temps de consulter ses juristes, son Conseil royal, puis laissa au Parlement le soin de prononcer la sanction le 18 Décembre 1378[8] : crime de lèse-majesté, félonie, et parjure.
Malgré le soutien indéfectible de la Couronne à son égard, on trouva alors la Comtesse de Penthièvre comme farouche opposante à la procédure de commise. Souhaitant ardemment profiter de la disgrâce de son ancien rival, elle dépêcha des avocats (appelés alors procureurs) pour défendre son droit. Selon les procureurs du camp Penthièvre, le Duché n’appartenait pas au Royaume[9], car il n’était issu d’aucun démembrement de la Couronne. En effet, aucun document officiel n’attestait la remise du fief breton à son duc par un Roi de France ou un Roi des Francs. Cependant, il en était de même pour quasiment tous les fiefs du Royaume. Il est d’ailleurs admis que le Duché de Bretagne fut remis à Nominoé par l’Empereur et Roi des Francs Louis le Pieux, au début du IXe siècle[10]. Enfin, il convient de rappeler que ce lien de vassalité, attesté depuis près de quatre siècles déjà, était en plus renforcé par la qualité de duché pairie, reconnue sous le règne du Roi Philippe Le Bel. Ce formalisme scrupuleux cache évidemment des arguments fallacieux, ceux d’une Comtesse intéressée pour récupérer à tout prix ce qu’elle estimait être son bien. La plaidoirie fut évidemment reprise de manière larmoyante par la propagande du Duc Jean IV.
Cependant, la Comtesse de Penthièvre ne fut pas la seule à s’émouvoir de cette annexion. Le passage dans le domaine royal faisait passer la province dans le giron de l’administration royale, avec ses avantages, comme ses inconvénients. Déjà à l’époque, l’administration française souffrait d’une mauvaise réputation dans les comtés et duchés gravitant autour du Domaine Royal. Pléthorique, disciplinée, et redoutablement efficace (relativement à celles des duchés), l’administration royale avait un coût. La Guerre qui durait contre les Anglais renforçait encore un peu plus la lourdeur fiscale. Les jacqueries du XIVe siècle, notamment la plus célèbre, celle de 1358, trouvaient leur source, entre autres, dans la question fiscale. Les seigneurs bretons, et surtout ceux de la grande noblesse de Haute Bretagne, qui avaient des liens économiques très importants avec les autres fiefs français, connaissaient certainement la situation fiscale de leurs voisins. Également, le domaine royal était administré par une main de fer, avec la présence du Roi en tous les pays via les réseaux des baillis, sénéchaux, et intendants. Autrement dit, pour cette noblesse bretonne, l’annexion signifiait une hausse des charges fiscales, ainsi qu’une perte d’une partie de leurs privilèges et de leur autonomie.
Revenant sur ses revendications, la noblesse bretonne se dit qu’il valait peut-être mieux se contenter d’un duc félon mais faible que de se trouver sous la sujétion directe d’un roi puissant et autoritaire. Ces réflexions furent la seule motivation des nobles bretons, qui avaient sollicité l’aide du Roi de France pour chasser leur Duc en 1373, et qui désormais l’imploraient pour qu’il revint. A aucun moment il n’y eut, contrairement à ce qui fut inventé par les chroniqueurs ducaux, de soulèvement populaire, de chouannerie avant les chouans, de résistance patriotique, pour lutter contre un soi-disant envahisseur français. La majeure partie de la population du Duché vivait d’ailleurs déjà comme ses voisins. L’image d’Epinal du Duc débarquant à Dinard devant une foule assemblée pour l’acclamer, n’est que pure invention. Il y eut ce jour-là, tout au plus 350 chevaliers et écuyers, tous nobles. Il est d’ailleurs complètement anachronique de parler de nation et de sentiment patriotique au XIVe siècle. A cette époque, comme le dit très bien George Minois, « on n’est pas l’homme d’une terre ou d’un peuple, on est l’homme d’un autre homme ».
Également, il convient de souligner l’attitude des grands du Duché une fois la crise survenue avec le Roi. Souhaitant habilement jouer sur les deux tableaux, ils s’empressèrent d’obtenir, une fois qu’ils eurent acquis la certitude que leur petit Duc serait maintenu, que le Roi de France ne les abandonnerait pas aux Anglais. Ainsi, plusieurs s’adressèrent au Duc d’Anjou, frère du Roi de France, afin qu’il intercédât en leur faveur « de tant faire par sa grâce et humilité que tous ceulx du pays de Bretagne soient en la grâce du roy nostre souverain seigneur »[11]. Finalement, le Roi « pardonna » au Duc, ce dernier lui prêtant hommage-lige et renvoyant les Anglais chez eux. Tout ça pour ça.
Ce sont par la suite les chroniqueurs et historiens au service du Duc qui inventèrent toute une série d’ignominies sur du Guesclin et cette affaire de 1379, lesquelles sont toutes des foutaises. Alors qu’il ne s’agissait que d’une révolte nobiliaire face au pouvoir royal en pleine expansion, comme il y en aura au XVe siècle avec la ligue du bien public, durant le XVIe siècle avec les Guerres de religions, ou encore au XVIIe siècle avec la Fronde, la propagande ducale créa toute une représentation patriotique de l’événement, celui d’une nation unie face à un péril imminent, et ceci afin d’assoir sa légitimité. Rappelons que le Duc Jean IV n’étant pas un breton lui-même (ni de son père, ni de sa mère), que son accession au trône ducal n’arriva qu’au terme d’une guerre fratricide au sein du Duché, et qu’il fit montre d’une anglophilie débridée, sa « cote de popularité » s’en trouvait affectée. Il ne fut maintenu en place que parce qu’il était relativement faible à côté du monarque français.
Les chroniqueurs ducaux n’épargnèrent pas du Guesclin, qui fut traité comme le dernier des traitres à sa patrie. Le Connétable de France ayant choisi le parti de son maître, le Valois, il encouru la peine d’être accusé de perfidie par des générations d’historiens bretons à la cour des ducs de Bretagne. Au XVe siècle surtout, plusieurs auteurs donnèrent une coloration patriotique à cet épisode somme toute anecdotique de l’histoire de France comme de celle de la Bretagne, tant ses conséquences réelles furent infimes. La presse nationaliste bretonne à l’orée du XXe siècle, tant elle était éprise de ce romantisme allemand qu’elle tourna à la sauce panceltique, ne put s’empêcher de tomber dans cette marmite de propagande et d’y barbotter, au milieu de quelques morceaux d’histoire.
Dans le reste du Royaume de France, il fut idolâtré, au lendemain même de sa mort. Sa mémoire fut par la suite également récupérée par la propagande royale, mais dans un sens tout à fait mélioratif. La IIIe République en fit également son héros, car mis en scène pour son assimilation à la France, celle-ci devant servir de modèles à tous les Bretons, dans une logique jacobine de la nation. Si l’anachronisme est évident, il servit l’universalisme républicain. Parmi les raisons profondes de l’affection qu’il suscita, et même de son vivant, il en est une qui dépassait certainement les autres : sa loyauté pour son Roi, vestige d’un temps crépusculaire mais glorieux, celui des chevaliers et chansons de geste.
Anthony Véra-Dobrões
[1] Le respect des règles chevaleresques étant l’apanage des grands seigneurs, ceux qui n’avaient pas à monnayer leurs services pour vivre, ce qui rend l’attitude d’un homme comme Jean IV de Bretagne encore plus méprisable eu égard aux canons de l’époque.
[2] Sa vie eu peut-être été différente s’il avait servi un généreux seigneur anglais, plutôt que le Valois très proche de ses deniers.
[3] La qualité de Pair de France est un office de la Couronne et non une concession ou un titre nobiliaire. Cette fonction d’abord éminemment politique (les pairs élisaient le Roi des Francs), devint une fonction honorifique mais à la portée symbolique certaine. Le duché pairie était un fief directement vassal du Royaume de France, soumis d’ailleurs au même droit que le Domaine Royal.
[4] Ce soutien du Roi de France s’explique par l’alliance de la maison de Penthièvre avec la maison de France, par le mariage de Charles de Blois, cousin par sa mère avec le Roi Charles V, et descendant en ligne directe de Saint-Louis (son arrière-grand-père). Ainsi, Charles de Blois était le bras armé de Jeanne de Penthièvre dans cette guerre, au point que l’on parle de « parti blésiste » pour qualifier ses soutiens.
[5] Nous renvoyons ici le lecteur au Chapitre IX, pages 237 et suivantes de la biographie de du Guesclin par l’historien Georges Minois.
[6] Bien que l’ensemble des bandes, peu important leur camp, commettaient des exactions sur les populations, la mémoire collective semble alors avoir gardé un souvenir extrêmement négatif de l’occupation anglaise de la province, malgré la propagande mise en place par le parti de Montfort après sa victoire.
[7] Ce Duc de Lancastre est Jean de Gand, fils d’Edouard III d’Angleterre, et non pas le Duc de Lancastre Henri de Gramont, qui fut confronté à du Guesclin lors du siège de Rennes et qui lui proposa d’entrer à son service.
[8] Le délai de 4 ans est causé notamment par la trêve de Bruges, signée en 1375 et qui prit fin en 1377, puis par la reprise des hostilités d’abord avec le Roi de Navarre durant l’année 1377 et le début de l’année 1378.
[9] Il ne faut pas confondre le Royaume de France, ensemble des fiefs vassaux du Roi, avec le Domaine Royal, terres directement administré par le Roi, en tant que seigneur.
[10] Henri Waquet et Régis de Saint-Jouan : Histoire de la Bretagne, 7e édition PUF, 1980, p21.
[11] Georges Minois : Du Guesclin, Fayard, 1993, p447.